Depuis septembre 2018, le CEMU propose une formation à la pédagogie, sur un an, des nouveaux maîtres de conférence (MCF) stagiaires de l’université de Caen Normandie.
Piloté par Élisabeth Schneider, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et de la communication à l’INSPÉ Caen Normandie, le dispositif « MCF stagiaire » propose une formation à la pédagogie aux nouveaux MCF de l’université.
Le dispositif
Cette formation est devenue obligatoire depuis le décret no 2017-854 du 9 mai 2017 et l’arrêté d’application du 8 février 2018. La formation a été mise en place à la rentrée 2018.
Le dispositif propose, pour chaque MCF stagiaire :
- un accompagnement individuel assuré par un ingénieur ou une ingénieure pédagogique du CEMU ;
- des temps de formations collectifs : quatre journées de travail autour d’une thématique ciblée ;
- au choix : la participation à une visite apprenante avec un enseignant de l’établissement membre de la communauté de pratique, un temps d’analyse de pratiques en groupe de pairs, un entretien d’explicitation suite à une observation…
Retour d’expérience de deux MCF stagiaires
Johanna Giovannini (MCF 85e, CERMN, UFR Santé) et Brice Evain (MCF 22e, HISTEME, UFR HSS)
Selon vous, quels sont les principaux apports de la formation à votre pratique enseignante ?
Johanna Giovannini : Un lien régulier avec le CEMU, aussi bien humainement que matériellement. […] Avant la formation, je n’avais pas connaissance de tous les outils (informatique, numérique) et formations du CEMU à destination des enseignants et du recul sur ma pratique d’enseignement via des moments de partages d’expérience.
Brice Evain : La formation m’a permis de découvrir et d’apprendre à maîtriser un certain nombre d’outils qui se sont avérés (et s’avéreront encore à l’avenir) très utiles à ma pratique d’enseignant, et de me familiariser avec l’environnement, en particulier institutionnel, d’une nouvelle université, avec son rythme et son fonctionnement propres.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué pendant les séminaires de formation ?
JG : Le partage d’expérience : le fait de suivre cette formation commune à tous les MCF stagiaires m’a permis de témoigner et d’apprendre de la part des autres stagiaires, qui partageaient les mêmes préoccupations que moi (gérer un groupe de niveau hétérogène, captiver l’attention le plus longtemps possible, encourager à participer…), le tout en étant accompagnés de plusieurs ingénieures et ingénieurs pédagogiques et d’enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs déjà expérimentés.
BE : Outre l’apport théorique, c’est vraiment l’accompagnement individuel […] qui permet de donner à la formation un apport concret à nos pratiques pédagogiques.
L’accompagnement individuel par un ingénieur ou une ingénieure pédagogique a-t-il joué un rôle important dans votre formation ? Si oui, de quelle manière ?
JG : Oui, tout à fait. L’accompagnement de l’ingénieure pédagogique a été plus qu’important pendant ma première année en tant qu’enseignante-chercheuse. Prise par le temps, j’ai pu bénéficier de son soutien pour avoir des formations rapides et utiles pour ma pratique comme rédiger un syllabus, organiser certains de mes cours via un scénario pédagogique, avoir un aperçu des outils disponibles sur Ecampus, etc.
BE : L’accompagnement individuel, tout comme la visite apprenante qui nous offre l’opportunité d’échanger avec un ou une collègue plus chevronné-e, est un excellent dispositif. On y dévoile nos doutes, nos séances ratées, nos échecs pédagogiques ; nos envies aussi de sortir d’un cadre d’enseignement parfois un peu figé ou un peu routinier ; c’est un espace de travail qui permet, dans le dialogue, d’échanger, de partager et d’essayer, en s’ouvrant à de nouvelles pratiques.
Pouvez-vous nous donner un exemple de changement que vous avez apporté à votre manière d’enseigner grâce à cette formation ?
JG : Les échanges et formations à propos de la motivation des apprenantes et apprenants pendant les séminaires m’ont fait varier certains de mes supports et temps d’enseignement dans le but de dynamiser les cours. Voici quelques exemples de changement :
- l’introduction de courtes sessions sur Wooclap en début de cours pour réviser rapidement le cours précédent ;
- accorder un temps de reformulation des notions-clés par des étudiantes et étudiants préalablement informés de leur passage (non noté) à l’oral ;
- et au-delà des moments de cours : la création d’une banque de questions (QCM, questions ouvertes, appariements) sur Ecampus permettant aux étudiantes et étudiants de s’entraîner à leur rythme avant le contrôle terminal.
BE : La difficulté principale à laquelle je suis confronté est le côté très vertical de l’enseignement en CM, en particulier à destination des L1-L2. Sans révolutionner mes pratiques, la formation m’a permis de les repenser et, je l’espère, de les renouveler (au moins en partie).
Cette année, neuf ingénieures et ingénieurs pédagogiques sont engagés dans la formation pour accompagner 26 MCF stagiaires – ce nombre variant en fonction des recrutement de l’université.
Le point de vue d’une ingénieure pédagogique du CEMU
Laura Porquerel
Combien de néo MCF accompagnes-tu par an ? Et en tout, combien sont accompagnés par an ?
Le dispositif est en constante évolution. L’année dernière, nous avons mis en place l’accompagnement individuel de chaque MCF stagiaire par un ingénieur pédagogique. En 2023-2024, j’ai accompagné un MCF stagiaire, et cette année, j’en accompagne trois.
Le nombre de MCF stagiaires varie chaque année en fonction du nombre de MCF recrutés par l’établissement. Par exemple, l’an dernier, nous avons accompagné 15 MCF stagiaires et cette année, nous en accompagnons 26 !
Quel est ton rôle, tes missions ?
J’interviens à plusieurs niveaux sur la formation des MCF stagiaires. Celle-ci est composée de journées de séminaire où je peux animer des ateliers de formation ou de réflexion collective ainsi qu’un accompagnement individuel pour chaque MCF stagiaire.
J’accompagne chaque MCF stagiaire à identifier une problématique liée à ses enseignements ou une pratique pédagogique qu’il souhaite mettre en place ou améliorer. Une fois le sujet défini, nous réfléchissons ensemble aux modalités d’accompagnement les mieux adaptées pour répondre à son besoin.
Je coordonne également la formation des MCF stagiaires avec Élisabeth Schneider, qui la pilote. J’organise les journées de séminaire et j’assure le lien avec les huit autres ingénieures et ingénieurs pédagogiques qui accompagnent des MCF stagiaires cette année pour nous tenir informés des avancées de chacun et mutualiser nos ressources.
As-tu vu une différence depuis que les néo MCF font la formation ?
Depuis que les MCF stagiaires participent à cette formation, notre rôle d’ingénieur pédagogique a évolué. Notre accompagnement était auparavant principalement centré sur l’intégration du numérique dans les enseignements et aujourd’hui, nous accompagnons plus globalement le développement professionnel des enseignants, qu’il s’agisse ou non d’aspects numériques.
La formation des MCF stagiaires nous donne l’opportunité de traiter de problématiques pédagogiques que nous n’accompagnons pas forcément habituellement car nous travaillons avec des MCF stagiaires issus de différentes composantes, et pas uniquement celles dont nous sommes référents.
Cette formation a également permis aux enseignants de mieux comprendre les domaines sur lesquels nous pouvions les accompagner. Les MCF qui sont passés par la formation n’hésitent pas à nous recontacter pour un besoin ponctuel ou pour les accompagner sur un projet et nous sommes ravis de voir leur évolution au sein de l’université !