En contexte universitaire, l’accessibilité doit être pensée à la fois sur les plans physique, numérique et pédagogique. Notamment à l’aide du syllabus, premier levier de l’accessibilisation des enseignements.
L’accessibilité pédagogique vise à assurer que chaque étudiant et étudiante, quels que soient ses besoins spécifiques, puisse accéder aux enseignements et aux ressources éducatives de manière équitable. Elle découle de la conception universelle des apprentissages (CUA), qui propose de conduire les acteurs de l’école à porter le regard sur les obstacles aux savoirs afin de les lever.
Le syllabus joue un rôle important dans cette démarche d’accessibilité des enseignements. Plus qu’un document de présentation, il s’agit d’un document de référence qui guide l’étudiant à travers le parcours d’apprentissage.
Par ailleurs, si certains éléments précisés ci-dessous comme des vecteurs d’accessibilité des enseignements sont indispensables à certains profils d’apprenants, ils bénéficient plus largement à tous, en apportant des éléments sur le déroulement du cours, les modalités d’évaluation ou les attendus. Le syllabus constitue un document ressource pour les étudiants : ils y trouvent un grand nombre de réponses à leurs questions, ce qui limite aussi certaines sollicitations par mail ou via un forum.
Dans cet article, nous aborderons :
- le contenu des rubriques du syllabus pour prévenir ou lever les obstacles et difficultés aux apprentissages ;
- la transmission d’un syllabus lui-même accessible ;
- l’intérêt du syllabus comme outil d’inclusivité et de réflexivité ;
- une proposition de bibliographie pour aller plus loin.
Les rubriques du syllabus
Les information générales
Nom du cours, unité d’enseignement , niveau , dates ou période du cours, découpage du cours (CM/TD/TP/Autre), nombre d’ECTS.
L’ensemble de ces éléments permettent aux étudiants :
- de se situer dans leur diplôme et dans l’articulation avec les autres cours ;
- de se repérer dans le temps et de s’organiser ;
- d’identifier des incompatibilités avec des contraintes logistiques, médicales, etc.
Le contact de l’enseignant
Modalités de contact de l’enseignant et disponibilité.
Permet aux étudiants d’identifier un moyen efficace de communication avec l’enseignant ou l’enseignante afin de pouvoir lui signaler une situation ou un besoin particulier. Par ailleurs, il est recommandé de diversifier les moyens de communication pour offrir la possibilité d’avoir une relation au groupe de différentes manières (Speranza , 2020). On pourra par exemple penser à mettre en place un forum qui permettra à tous de bénéficier des échanges pédagogiques.
Il est possible d’inclure dans cette section une « déclaration d’inclusion » (Wood & Madden, 2013), c’est-à-dire une phrase affirmant son engagement envers des pratiques pédagogiques inclusives. Cette déclaration permet de renforcer la confiance des étudiants et étudiantes et d’encourager un dialogue ouvert sur leurs besoins d’apprentissage.
La description du cours
Objectifs pédagogiques et prérequis.
Mettre l’enseignement dans le contexte de la formation et formuler des objectifs permettent de donner du sens aux apprentissages. Cela permet de diminuer l’incertitude et l’implicite qui sont des obstacles aux apprentissages, notamment pour les personnes présentant un trouble du spectre autistique. (https://www.autismemonteregie.org/images/Publications/guide-autistes-et-non-autistes-2023.pdfTableau 1 et 5 )
La mention des prérequis, quant à elle, offre la possibilité d’identifier des difficultés spécifiques induites par la mobilisation de ceux-ci (ex : fort impact du maniement des chiffres car le cours s’appuie sur l’exploitation de statistiques sociologiques, prérequis de langue (niveau de français attendu par exemple).
Programme
Dates et contenus de séances (action de l’enseignant + action des étudiants), temps de travail associé.
L’indication d’utilisation de lieux, de méthodes ou de matériel spécifique peut permettre d’identifier une incompatibilité avec une situation particulière, et de la signaler en amont pour trouver une organisation compatible ou une alternative.
Exemple : atelier s’appuyant sur l’écrit manuscrit, cercle de lecture, participation orale, visite hors les murs…
Modalités d’évaluation
Format et ventilation des évaluations (participation/CC/CT), grilles critériées, explicitation des attendus.
La compréhension des attendus va permettre à des étudiants en situation de handicap de prioriser et organiser leur travail autour de leurs contraintes, et ainsi d’élaborer une stratégie d’apprentissage plus efficace (Boulet, Albert, et al., 1996).
Par ailleurs, cette rubrique offrira la possibilité d’identifier si l’une des formes d’évaluation va s’appuyer sur des capacités impactées par le handicap (travaux de groupe pour une personne atteinte d’un trouble du spectre autistique, production de visuels, de schémas …) et anticiper des aménagements. Vous pouvez également faire le choix d’ajouter des exemples de sujets d’examens ou d’annales, proposer des choix dans les modalités d’évaluation, proposer des alternatives aux présentations orales (sans public, à distance, etc). Le syllabus permet également de préciser les modalités d’examen (matériel utilisé ou autorisé, durée par exemple) et d’expliciter les pondérations des notes.
Règles de fonctionnement
Assiduité, attitude attendue, communication, travail personnel, rendus et notes.
Préciser l’ensemble de ces informations explicite les non-dits. En effet, certaines conventions sociales peuvent être mal maîtrisées par certains profils, clarifier ce qui est souvent tacite fournit les clés de compréhension nécessaires à une bonne intégration (https://www.autismemonteregie.org/images/Publications/guide-autistes-et-non-autistes-2023.pdf Tableau 3 et 4)
Bibliographie / sitographie
Pour cette partie on pourra veiller à :
- privilégier les ressources disponibles dans un format numérique qui peuvent être lues par des logiciels adaptés ;
- identifier les ouvrages disponibles à la bibliothèque universitaire, ce qui simplifie la logistique pour se les procurer ;
- identifier un ordre de priorité dans les ressources pour aider les étudiants à mettre l’effort au bon endroit.
Transmettre un syllabus lui-même accessible
La loi pour l’égalité des droits et des chances de 2005, prévoit que toute personne en situation de handicap doit avoir accès au plein exercice de sa citoyenneté et doit donc pouvoir participer pleinement à la vie universitaire. L’accès à l’information est au cœur de cet enjeu, c’est pourquoi l’accessibilité pédagogique va nécessairement de pair avec l’accessibilité numérique. Les étudiants doivent avoir accès à l’ensemble des contenus et en premier lieu au syllabus.
Comment s’y prendre ?
Le syllabus pourra être mis à disposition sur la plateforme d’enseignement numérique (Ecampus ou Collegium) ainsi que sous un format PDF accessible. S’il s’agit d’une vidéo, elle devra être intégralement transcrite.
Le support devra respecter les règles du RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité). Pour vous aider, il existe un module court d’initiation et de sensibilisation à l’accessibilité numérique développé au sein des projets NCU Réussites plurielles et PIA3 – 100% IDT (Formation et recherche pour l’éducation inclusive).
Sa rédaction se fera en s’inspirant de la méthode FALC (Facile à lire et à comprendre). C’est-à-dire en utilisant un style simple et direct, des phrases courtes, une mise en avant des éléments importants et un vocabulaire aussi commun que possible.
Pour une bonne appropriation du syllabus, il est conseillé de le présenter aux étudiants au démarrage de l’enseignement afin de répondre à d’éventuelles questions. (Leduc, 2013). Afin d’améliorer votre support au fil du temps, vous pouvez consulter les étudiants en fin de semestre sur leur compréhension et leur usage du syllabus.
Le CEMU peut accompagner pour construire ou améliorer votre syllabus. Contactez l’ingénieur pédagogique référent de votre composante.
Le syllabus, outil d’inclusivité et de réflexivité
Le syllabus peut ainsi devenir un levier d’accessibilité : bien conçu, il reflète une volonté explicite d’adopter une approche pédagogique attentive aux divers profils et aux besoins variés des étudiants et étudiantes.
La rédaction d’un syllabus constitue également un outil de réflexivité pour l’enseignant, permettant une prise de recul sur ses pratiques pédagogiques et la cohérence de son enseignement (Leduc, 2013). Il offre l’opportunité de questionner les choix didactiques et leur adéquation avec les besoins des étudiants.
Proposer un syllabus constitue une première étape significative vers un enseignement plus accessible. Cette démarche s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’inclusivité des enseignements, qui peut être approfondie progressivement à travers d’autres pratiques et ajustements pédagogiques : vérification de l’accessibilité des supports, usage de salles modulables, etc.
Aller plus loin
Pour poursuivre la réflexion sur la possibilité de proposer des enseignements plus inclusifs et bénéficier d’un accompagnement, n’hésitez pas à contacter l’adresse cemu.conseil@unicaen.fr ou l’ingénieur pédagogique référent de votre composante.
Vous pouvez également consulter les différentes ressources à disposition par le CEMU :